Quelques minutes après l'orage, le soleil revient, il est 20 h 00 .

Je m'attendais à trouver le feuillage trempé, et bien non.

Les feuilles, un peu cireuses, ont évacuées l'eau immédiatement. Décidément la nature est bien faite.

En ce 13 juin la vigne termine sa floraison, alors que des nuages s'amoncellent. L'orage va bientôt éclater.

Les vignerons redoutent cette période et tout ce qui pourrait venir contrarier la fleur; la pluie, les écarts de températures entre le jour et la nuit, trop de vent ou pas assez, trop frais. Car cette période est décisive et donne une première idée de la récolte, une idée seulement , il reste une grande partie de l'histoire à construire jusqu'en septembre.

Ah la biodiversité fonctionnelle c'est chouette ! Parfois elle nous submerge, et en plus c'est beau. Maintenant il faut aussi inventer les outils et les méthodes pour canaliser cette énergie, pas toujours facile surtout en année pluvieuse.

Notre parcelle "vitrine" est envahie de chrysanthème, drôle de mauvaise herbe et curieuse évolution de notre mélange vitifleur. Pourquoi les margerites ? Sans doute à cause de cet hiver pluvieux et froid. Quoi après ? Et bien ce sera la surprise.

" Comment, Monsieur, vous ne maitrisez rien ? " fit la grosse voix offusquée ...

et non , en tout cas pas ça.

Planter la vigne n'est pas un travail de tout repos, en fait c'est même un travail éreintant. La saison démarre au mois de février ou mars pour se terminer vers le mois de juillet.

Traverser l'espace d'un trait de vigne est une autre façon d'écrire, de laisser une trace qui durera le temps d'une génération de vigneron.

Le modèle météo dominant en ce début de printemps c'est la pluie !

Ca commence à faire beaucoup pour nous qui étions habitués à nous plaindre de la sécheresse. J'entends déjà le "jamais content !" Pourtant, dans les discussions au village, personne ne se plaint vraiment. Nous avons  connu le 'trop peu' ne nous plaignons pas du 'trop de tout' . Les nappes phréatiques se reconstituent, la nature fait des réserves, tout va bien donc ? Tout va bien pour l'herbe aussi, et même si nous avons un rapport particulier à l'herbe, cette année pose un vrai et double problème.

La maitrise de l'herbe qui, même folle , doit être un peu contrôlée, ce qui n'est pas facile quand les parcelles sont inaccessibles.

La protection contre les principaux champignons. Cette météo semble particulièrement favorable au mildiou, les spores ont connu dans l'hiver des conditions de conservation plutôt favorables ( humidité permanente ) et depuis le début du printemps, il pleut ! Donc, de prime abord, les conditions sont proches de l'optimum pour une explosion programmée dès que les températures remonteront. Car le paramètre température est le seul sur lequel nous pouvons nous appuyer pour ralentir l'évolution du parasite. Certains matins de cette semaine nous étions entre 4°C et 7°C dans la vallée, un peu juste pour le mildiou. Les saints de glace sont donc toujours là, mais la météo se relèvera un jour et ce jour là, le modèle enherbé devra montrer tout son intérêt et/ou ses contraintes.

Intérêt parce qu'il va permettre d'atteindre rapidement tous les points du vignoble pour un premier traitement.

Contrainte: si la protection supposée induite par une meilleure alimentation de la vigne* trouve cette année sa limite.

(*trophobiose : concept proposé par M Chaboussou qui propose de modifier la sensibilité des plantes aux agressions en modifiant son équilibre alimentaire )