... et après le volume n'y est pas, mais la qualité est au rendez vous, une consolation dîtes vous ? Si l'on considère nos collègues qui ont gelé ou subit la grêle, parfois les deux! Oui, notre sécheresse peut être relativisée.
Comme de toutes les vendanges, nous tirerons des points positifs et d'autres moins, tenterons de transformer l’événement en ressource. Durant ce mois mouvementé (les travaux de la cave en plus) nous avons dégagé des pistes nouvelles que la petite récolte permettaient, vont elles aboutir sur de nouvelles cuvées ? de nouvelles pratiques ? Quelles parcelles ont le mieux tiré parti de ce climat déboussolé ? Quel enseignement peut-on en tirer ? Il faudra plus d'un hiver pour y penser, mais il faudra aussi réagir vite, sur la vie du sol, c'est là où se trouve la principale clef. Des solutions existent, nous pouvons agir dès cet automne, enrichir, amender nos sols et nos esprits.
Il fait bon venir en Provence pour y chercher le beau temps, et je sais que beaucoup de vignerons aimeraient bien voir un peu de ciel bleu pour panser les plaies du mildiou ou du black-rot.
Mais voilà, deux mois sans pluie après un printemps frais et juste humide peuvent inquiéter n'importe quel vigneron.
La vigne s'en sort bien, pour l'instant.
"Août fait et défait les récoltes" parait-il, soit, mais il faudra être philosophe ou optimiste pour envisager ces vendanges à venir.
Du haut de son piquet et de la chaîne alimentaire, la buse variable guette son prochain repas.
La Buse variable est sédentaire et très territoriale. Un couple établi sur un territoire y restera toute sa vie. (source)
Nous pouvons en déduire qu'elle a élu domicile dans cette vallée (ici dans nos Ugni-Blanc à Badasset) qu'elle y trouve un milieu favorable et, inutile de chercher, que tous les étages nécessaires à son alimentation (petits rongeurs, gros insectes et divers ...) s'y trouvent aussi, un bon point pour notre environnement.
Les vignes n'en paraissent rien, mais leur environnement est en mouvement, fin, subtil, hésitant, poussé par la météo et retenue aussi par elle. Nous surveillons les lunes d'avril, les premiers avertissements agricoles, il faut remettre les sulfateuses et les broyeurs en éveil.
Ce printemps est en naissance, il se construit dans une douce et humide chaleur, il participe à notre propre renaissance.
Nous sommes entre deux temps, deux saisons, deux souffles, l'hiver marque encore de sa présence, mais le printemps pousse et parfois déborde, comme dans ces amandiers en fleur, en première ligne.
Chaque souffle prend le relais de l'autre, s'y superpose ou s'efface, nous n'en saurons l'issue que par l'évidence.
Convient-il de s'en inquiéter ? Oui, si l'inquiétude nous maintient en vigilance, non si nous en faisons notre nourrice.
En attendant, ne précipiter ni la taille, ni les fumures, il sera toujours temps de se bouger quand nous serons sur d'être de l'autre côté de la rive.